Auteur : Milena Agus
Court résumé :
La narratrice a choisi de nous raconter l’histoire de sa famille, en particulier celle de sa grand-mère que tout le monde croyait folle car elle tombait toujours éperdument amoureuse de tous les garçons qui lui adressaient la parole ou juste un sourire. Cette jeune sarde rêveuse faisait immanquablement fuir tous ses prétendants. Puis après un mariage sans amour, ce sont ses futurs enfants qui la fuient les uns après les autres. En désespoir de cause, on lui conseille alors une cure sur le continent et c’est là qu’une rencontre avec un rescapé de guerre va changer sa vie.
Mon avis personnel :
Encore un livre sur une famille de femmes, mais c’est un pur hasard. Je ne savais absolument pas de quoi parlait ce livre avant de le commencer. J’avais juste lu encore une fois des critiques très positives à son sujet. Cette fois-ci, contrairement à ma lecture [Du] goût des pépins de pomme, j’ai été un peu plus séduite. Non pas que le style soit extraordinaire, mais j’ai été tout de même bien plus sensible à la plume de Milena Angus qu’à celle de Katharina Hagena.
Si j’ai été séduite par cette histoire c’est que d’une part je l’ai trouvée empreinte de poésie, une poésie simple, de la terre et de la condition humaine. On en apprend beaucoup sur ces hommes et ces femmes qui mènent une vie dure de paysans, mais qui son fiers de leur île et d’être sardes. Les émigrés sur le continent qui ont on choisi de partir pour une vie meilleure se rendrent vite compte de leur erreur, mais il est déjà trop tard pour revenir. La honte serait trop lourde à supporter.
C’est cette honte qui conduit les parents de la grand-mère de la narratrice à tout faire pour se débarrasser de cette fille bizarre qui se met dans des états impossibles lorsque la réalité n’est pas conforme à ce qu’elle aurait souhaité. Le rêve pour cette femme prend trop d’espace dans sa vie et en vient même à remplacer la réalité. Tous la croient folle, mais son seul problème est de ne pas pouvoir faire face à la réalité. Elle vit dans un monde de rêve où tous les hommes sont amoureux d’elle, où son mari l’aime et où elle aime son mari. Comme ce doux rêve ne correspond en rien à sa vie réelle, elle ne peut que se replier sur elle-même et rêver à des jours meilleurs.
La rencontre avec le Rescapé, va changer sa vie. Mais qu’est-ce qui fait vraiment le déclic ? La relation qu’elle a eu avec lui ou celle qu’elle s’est imaginée remplie de fantasmes érotiques ? La fin du livre m’a d’ailleurs rappelé celle de La petite fille de Monsieur Linh avec un changement de perspective qui nous refait revoir l’histoire différemment.
Les personnages de cette histoire m’ont aussi beaucoup fait penser à certaines personnes de ma famille. A plusieurs reprises, j’ai été troublée par les similitudes avec certaines personnes qui me sont proches. Je n’aurais jamais cru pouvoir retrouver ça dans un roman et c’est donc ça, aussi, qui m’a beaucoup touchée dans ce récit.
« Et la nostalgie, c’est de la tristesse, mais c’est aussi un peu du bonheur. »
Nombre de pages : 124
Temps mis pour le lire : 4 jours
Note : 15/20
Les 3 premières phrases :
Grand-mère connu le Rescapé à l’automne 1950. C’était la première fois qu’elle quittait Cagliari pour aller sur le Continent. Elle approchait des quarante ans sans enfants, car son mali de is perdas, le mal de pierres, avait interrompu toutes ses grossesses.