Auteur : John Steinbeck
Court résumé :
Au début des années 60, John Steinbeck ne sait plus très bien où il se situe par rapport à son œuvre et surtout comment la
faire évoluer tout en restant au plus près de ses préoccupations de toujours. En effet, il a toujours écrit sur son peuple, les Américains. Mais désormais, cela fait si longtemps qu’il n’a pas
vraiment voyagé dans son propre pays qu’il a bien peur de ne plus les connaître. Il décide donc de partir pendant 3 mois faire le tour des Etats-Unis dans un véhicule hors du commun, nommé
Rocinante (en hommage au cheval de Don Quichotte) et de son vieux chien Charley, un caniche français, qui lui tiendra compagnie tout au long de son périple. Et l’on suit notre écrivain sur les
routes et autoroutes américaines dans un road trip à la recherche de ses américains. Mais trouvera-t-il dans ce voyage ce qu’il est venu y chercher ?
Mon avis personnel :
Voici un récit bien différents des autres livres de Steinbeck que j’avais lus jusque là ( Of Mice and Men, The
Pearl). C’est un autre genre auquel notre auteur s’attèle ici. Il ne s’agit plus de fiction dans laquelle on retrouve beaucoup d’éléments liés à sa vie, mais bien de sa vie elle-même et
de son quotidien. Un quotidien dans un contexte particulier, certes, mais un quotidien tout de même.
J’aime beaucoup les récits de voyages, en particulier pour ce qu’ils ont de trépidant et d’inattendu. Ici, le rythme
est un peu plus lent que ce à quoi je m’attendais au départ. Mais remettons-nous dans le contexte : il ne s’agit pas là d’une bande de jeunes fous furieux qui partent à l’aventure pour
accomplir les 400 coups. Il s’agit du voyage tranquille d’un homme qui n’est plus tout jeune et qui ne part pas à l’aventure mais à la rencontre de ses concitoyens contemporains pour apprendre à
mieux les connaître et les comprendre.
La route de la rencontre est longue et pas toujours fructueuse. Les trajets semblent interminables. Notre héros se demande
souvent pourquoi il a entrepris ce voyage. Il doute de l’intérêt de celui-ci et a l’impression de faire le contraire de ce qu’il devrait faire pour rencontrer des « vrais gens » . Et
ces gens qu’il rencontre, sont-il pour autant représentatifs du reste de la population des Etats-Unis ? Bien sûr que non, il en est bien conscient car il sait que chaque voyage est propre à
chaque voyageur. Deux voyageurs ayant fait exactement le même parcourt, n’auront pourtant pas fait le même voyage.
Chaque rencontre et chaque échec dans la rencontre, est une occasion de plus pour se poser des questions sur la vie, sur la
manière dont les gens vivent leur vie dans ce monde moderne en évolution constante. Comme ces personnes de plus en plus nombreuses qui se mettent à vivre dans des mobiles homes et bougent ainsi
au gré de leurs envies et de leurs opportunités de travail. Les habitants du North Dakota à Fargo m’ont aussi rappelé le film éponyme des frères Cohen. Steinbeck nous en renvoie une vision assez
semblable à celle du film d’ailleurs.
Mais, le passage qui m’a le plus marquée se trouve à la fin du livre, lorsque Steinbeck se retrouve à la Nouvelle Orléans.
Durant tout le récit, je m’étais dit que finalement l’Amérique n’avait pas beaucoup changé depuis les années soixante et que ce qu’il décrivait me faisait beaucoup pensé à ce que j’y avais vu
assez récemment. Mais là, quel choc ! Dans ce Sud extrêmement conservateur, tous les ingrédients sont présents pour nous rappeler qu’on est bien au début des années 60, que Martin Luther
King est encore loin d’avoir gagné son combat et qu’il est d’usage d’afficher un racisme franc et assuré. Toutes les luttes restaient encore à être menées. Dans ce monde qui nous semble presque
impensable aujourd’hui, chacun se méfie de son voisin et les préjugés se font tenaces et intransigeants. Une réalité bien difficile à imaginer dans le monde d’aujourd’hui.
Puis le voyage se termine. Parfois bien
avant l’heure souhaitée. On se prend à rêver d’un "chez soi" et ce rêve finit par prendre toute la place dans l’esprit du voyageur. Le but ultime change alors d’objet : du voyage en
lui-même, il passe à la perspective d’une maison bien douillette, entouré de ses proches.
PS : Petit clin d’œil final à
Charley, notre coéquipier de choc qui, malgré les embuches et les problèmes de santé, a aidé notre voyageur à garder le cap.
Nombre de pages : 277
Temps mis pour le lire : 1 mois (récemment j’ai eu du mal à trouver du temps pour lire en dehors de
mes transports quotidiens en métro qui durent à peine un quart d’heure)
Note : 16/20
Les 3 premières phrases :
When I was very young and the urge to be someplace else was on me, I was assured by mature
people that maturity would cure this itch. When years described me as mature, the remedy prescribed was middle age. In middle age I was assured that greater age would calm my fever and now that
I’m fifty-eight perhaps senility will do the job.
Voir aussi l'avis de Keisha