Auteur : Virginie Despentes
Court Résumé :
Pas de chance pour Lucie, la gamine, Valentine, qu’elle était entrain de filer s’est fait la malle et sous ses yeux en
plus ! Lucie est la plus nulle des détectives, ça ne l’intéresse pas. D’ailleurs rien ne l’intéresse. Mais là, elle n’a pas le choix si elle veut garder son boulot:elle doit tout mettre en
place pour retrouver Valentine ; son patron a été plus que clair sur ce point. C’est à ce stade de l’histoire qu’apparaît La Hyène. Lesbienne énigmatique, au charme perturbant et glacial.
Lucie devra faire équipe avec elle pour retrouver Valentine et remporter sa prime.
Mon avis perso :
Pffiou ! On m’en avait tellement fait tout un plat de cette Virginie Despentes que je m’attendais à être choquée à
chaque bout de phrase et que j’aurais envie de fermer immédiatement ce livre et disant l’air dégouté : « Non, c’est bien ce que je pensais : ce n’est vraiment pas pour
moi ! »
Que nenni ! J’ai lu ce livre assez facilement, malgré certaines longueurs dans l’histoire qui m’ont effectivement donné
envie d’abandonner tellement j’avais l’impression que l’intrigue piétinait. L’écriture est fluide, le style « rentre dedans » et les descriptions parfois très crues en effet. Mais de là
à être choquée, il ne faut pas exagérer. Moi, ça m’a plutôt fait sourire, voire même rire.
Ah ça c’est sûr, j’imagine qu’on ouvre souvent un livre de Virginie Despentes pour être secoué, entendre parler de sujet
habituellement tabous avec des scènes obscènes. Et pour le coup on n’est servi ! C’est parti pour le vocabulaire traditionnel des « ch**te », « p*te », « bi*e »
et autre « en***é » à la pelle ! Ce qui est surtout remarquable ce sont les associations de mots et d’expressions qui renforcent encore les images des scènes décrites. Mais ces
nouvelles expressions ainsi formées sont plus intéressantes par leur originalité et l’effet un peu loufoque qu’elles produisent. On trouve aussi un peu de douceur dans ce monde de brutes comme
avec "Dompteuse de lourds", formule que j'ai beaucoup appréciée.
J’ai bien aimé également l’alternance dans la narration. Un chapitre sur deux, c’est Lucie, la détective paumée, qui nous
raconte l’histoire de son point de vue. Puis, le chapitre suivant, nous avons droit à la version d’un autre personnage mais avec cette fois-ci un narrateur neutre qui ne fait que décrire de
l’extérieur les scènes et les sentiments. J’ai trouvé ce procédé assez intéressant parce qu’au final le lecteur fini par s’identifier de plus en plus au personnage de Lucie. On devient vite cette
fille un peu perdue au milieu de cette histoire et qui ne sait plus très bien quoi faire pour réussir sa mission ou tout bonnement pour vivre.
Par contre j’ai trouvé la fin extrêmement décevante. Pendant tout le récit j’espérais une apothéose finale qui remontrait le
niveau de l’histoire qui s’enlise très souvent et s’enfonce dans des méandres inutiles. Mais non! On se retrouve avec cette fin bidon et pour le coup on referme vraiment le livre en ce
disant : « Tout ça pour ça ! Ah bah alors là je suis déçue ! »
Les personnages peuvent être un peu intrigants au premier abord, mais, quand on commence à les connaître, ils deviennent
très vite horripilants. Valentine est une petite fille pourrie gâtée qu’on a envie de gifler dès qu’on la voit apparaître parce qu’on sait qu’elle va immédiatement faire une connerie dont on n’a
pas envie d’entendre parler. Lucie est tellement empêtrée de sa petite personne que même en la secouant très fort, on a l’impression que rien ne pourra en sortir. Enfin La Hyène, qui est sensée
être un personnage fort et énigmatique, m’a exaspérée au plus haut point avec sa trop grande confiance en elle totalement surjouée.
Evidemment je ne pense pas être la plus qualifiée pour savoir si un livre doit mériter ou non le prix Goncourt. Mais, pour
moi, la principale caractéristique d’un prix littéraire est qu’il doit récompenser un ouvrage qui par sa qualité stylistique, son histoire ou les thèmes abordés entre autres, apporte quelque
chose de nouveau et d’exceptionnel à la littérature. Ici, dans Apocalypse Bébé, je ne vois rien de tout cela. Ça se laisse lire, on suit parfois avec intérêt certaines péripéties. Mais ça
s’arrête là. Pas de quoi casser trois pattes à un canard.
Nombre de pages : 343
Temps mis pour le lire : 3 semaines
Note : 13/20
Les 3 premières phrases :
Il y a longtemps de ça, j’avais encore trente ans. Tout pouvait arriver. Il suffisait de faire les bons
choix, au bon moment.
Merci à PriceMinister sans qui je n’aurais sans doute jamais eu l’idée de me lancer dans cette
lecture.
Lire aussi l'avis de Theoma
qui a beaucoup aimé.