Auteur : Somerset Maugham
Court Résumé :
Arthur Burdon, jeune médecin londonien du début du 20e siècle, a rejoint sa fiancée
Margaret à Paris. Elle y vit pour quelques mois avec sa « chaperonne » Susie Boyd. Ce séjour a été décidé par les amoureux afin que Margaret puisse voir un peu le monde avant son
mariage. Ils mènent donc à Paris une vie de bohème au milieu des bourgeois, des artistes et de la population parisienne de tous rangs. Avec leur ami, le docteur Porhoët, ils se rencontrent
souvent au fameux restaurant du Chien Noir dans le quartier de Montparnasse. C’est dans cet endroit qu’ils font connaissance avec l’énigmatique Oliver Haddo, un ami du docteur
Porhoët.
Oliver Haddo est un être à la fois répugnant et envoutant qui après avoir inspiré une certaine
fascination à Susie pour ses connaissances ésotériques, finit par être haï de tous et rejeté. Mais Oliver Haddo qui ne supporte pas d’être humilié met en place une stratégie diabolique afin de se
venger de l’outrage que lui a fait subir Arthur lors d’une altercation.
Mon avis perso :
Je ne m’attendais absolument pas à une histoire pareille ! Je ne sais pas pourquoi,
mais en lisant la 4e de couverture j’avais cru qu’il s’agissait d’une histoire sur un hypnotiseur qui faisait des démonstrations de ses talents au public parisien du début du
20e siècle. Pour le coup, rien à voir !
L’histoire qui commence plutôt calmement dans un petit cocon bourgeois bien pensant, nous
embarque tout à coup dans un monde fantastique digne des plus grands auteurs de science-fiction où l’on ne sait plus très bien où commencent et où s’arrêtent la science et le surnaturel. En
effet, au début je trouvé l’histoire un peu « planplan » et que ça mettait un peu de temps à démarrer. Mais après avoir persisté pendant près d’une centaine de pages, ma patience
à enfin été récompensée puisque ce c’est à ce moment que l’on entre enfin dans le vif du sujet.
Ce qui m’a le plus intéressée, c’est ce parallèlisme continu entre des certitudes de la science
de cette époque face à l’intérêt croissant des gens pour l’ésotérisme et les sciences de l’étrange et du surnaturel. Arthur qui semble être le personnage le plus ancré dans ses certitudes finit
par être pourtant celui qui porte en lui le plus d’ambivalence à ce sujet.
Il est également difficile, pour le lecteur, de déterminer à quel point le personnage d’Oliver
Haddo est doué de pouvoirs surnaturels ou s’il ne s’agit que de manipulations habiles. Dans son introduction au roman , Somerset Maugham nous dit qu’il s’est inspiré d’un auteur anglais, Aleister
Crowley, qu’il a rencontré à Paris et qui était connu pour s’intéresser en particulier à la magie et au satanisme. Crowley s’étant reconnu par la suite dans le personnage d’Haddo en voulu
apparemment beaucoup à Maugham.
Maugham utilise également de nombreux autres éléments autobiographiques détournés. Comme le
restaurant du Chat Blanc, devenu Le Chien Noir dans le roman, où il allait souvent lorsqu’il vivait à Paris. J’ai beaucoup aimé également la description des quartiers de Paris qui n’ont pas
tellement changé de nos jours. Celle qui m’a le plus marquée fut la description du jardin du Luxembourg vu par le médecin anglais au début du roman : “ The formal
garden reminded one of a light woman, no longer young, who sought, with faded finery, with powder and paint, to make a brave show of dispair. It had those false, difficult smiles of uneasy
gaiety, and the pitiful graces which attempt a fascination that the hurrying years have rendered vain.”
Cette citation me fait également penser à la description de Susie :
”… if Margaret had been as plain and as old as herself. Susie was thirty.[…]and she looked older.” J’ai beaucoup ri en lisant ce passage qui illustre à quel point (je
l’espère) les mentalités ont évolué de ce point de vue là.
Cependant, je n’ai pas vraiment été touchée par les personnages en eux-mêmes. C’est surement dû
à l’époque où a été écrite l’histoire, mais les personnages m’ont semblé, la plupart du temps, un peu trop conventionnels et avec une vision assez limitée du monde qui les entoure malgré leurs
nombreux voyages.
C’était le premier livre de cet auteur que je lisais et son style m’a pas mal rappelé celui de
E.M. Forster. Surtout dans la description des personnages. Je préfère tout de même pour l’instant le style de Forster souvent plus recherché et avec plus d’humour. Les personnages féminins m’ont
aussi rappelé ceux de The Frozen Deep de Wilkie Collins, toujours dans l’excès et prêts à s’évanouir à la première
émotion forte.
Cette lecture fut donc, tout de même, une belle découverte.
Nombre de pages : 233
Temps mis pour le lire : 3 semaines
Note : 14/20
Les 3 premières phrases :
Arthur Burdon and Dr. Porhoët walked in silence. They had lunched at a
restaurant in the Boulevard Saint Michel, and were sauntering now in the gardens of the Luxembourg. Dr. Porhoët walked with stooping shoulders, his hands behind
him.