Auteur : W. Somerset Maugham
Court Résumé :
C’est à Londres que notre narrateur entend parler pour la première fois de Charles Strickland. Il est alors agent de change à la bourse de Londres et semble être un père de famille comblé bien qu’assez discret. Mais du jour au lendemain, on apprend qu’il a abandonné sa femme et ses enfants pour aller vivre à Paris une vie de Bohème. Le narrateur commence dès lors à s’interroger sur cette personnalité énigmatique et tente de comprendre ce qui anime cette soudaine passion dévorante pour la peinture qui a pris possession de Strickland et qui à 40 ans lui a fait quitter un foyer aimant et confortable.
Mon avis perso :
Cela faisait un moment que j’avais entendu parler de ce roman et comme je ne connaissais pas bien la vie de Gauguin, je me suis dit que ce serait intéressant de la découvrir à travers un roman. Je dois avouer que j’ai été un peu déçue. Certes Somerset Maugham écrit très bien et sait créer du suspens, mais j’ai été assez déroutée par certains passages dans la dernière partie du livre.
Je pensais que ce livre était plus ou moins une biographie romancée de Gauguin. Somerset Maugham n’a en fait jamais rencontré le peintre. Toutes les informations qu’il possédait sur lui n’étaient dues qu’aux anecdotes que lui racontait sur le peintre un autre écrivain qui avait rencontré Gauguin en personne. Maugham a tout de suite était fasciné par ce personnage mais, ne pouvant obtenir plus de renseignements sur la vie de celui-ci, il a décidé d’écrire un roman avec un personnage qui s’inspirait largement de la vision qu’il avait de Gauguin sans pour autant bien le connaître.
Le récit de la vie de Gauguin en peintre débutant mais prometteur (pour certains), personnage imbu de lui-même égoïste et égocentriste représente la plus grande partie du roman. A travers ces différentes rencontres avec le peintre, le narrateur tente de comprendre ce qui le motive et qui le rend si insensible au sort de son prochain. Il dépense sans compter l’argent qu’on lui prête sans jamais penser à le rembourser, ne montre jamais de reconnaissance et se moque éperdument des sentiments des autres. Il causera de nombreux malheurs sans jamais en éprouver aucun remords. Le narrateur qui a du mal à concevoir qu’un être humain puisse se montrer si inhumain, s’interroge donc sur la source de ce comportement. Pour lui il n’y a que deux possibilités : ou bien Strickland est possédé par le démon, ou bien il est lui-même l’incarnation du démon. Mais cette question ne sera jamais vraiment résolue. On retrouve également ces interrogations dans The Magician pour le personnage d’Oliver Haddo.
A la fin de son récit, le narrateur s’interroge longuement sur le portrait qu’il vient de dresser du peintre. Est-ce qu’il a bien été fidèle à ce qu’il était vraiment ? Ce passage m’a un peu ennuyée et je me suis demandée à quel point ces lignes ne servaient pas à "meubler" ou en tous cas à faire en sorte que le roman ait une longueur acceptable.
D’un autre côté, ce passage fut une bonne transition vers la dernière partie du roman beaucoup plus courte qui retrace les dernières années de la vie de Strickland à travers les récits des gens qui l’ont côtoyé après son départ de Paris à Marseille et à Tahiti. J’ai un avis assez mitigé sur cette partie. Encore une fois on retrouve pas mal de digressions avec des passages qui ne sont pas dénués d’intérêt mais qui n’ont rien à voir avec notre histoire. Ces anecdotes semblent être encore une fois là pour étoffer le roman. Mais d’un autre côté les histoires racontées par ceux qui ont rencontré le peintre à la fin de sa vie sont très intéressantes et donnent une nouvelle dimension au roman en nous transportant dans un monde à l’opposé de celui qui nous était décrit dans la vie que menait Strickland en Europe.
Malgré quelques passages d’un intérêt incertain, j’ai tout de même apprécié à nouveau le style de l’auteur qui fait beaucoup penser à E.M. Forster.
Nombre de pages : 200
Temps mis pour le lire : 1 mois et demi
Note: 13/20
Les 3 premières phrases:
I confess that when I first made acquaintance with Charles Strickland I never for a moment discerned that there was in him anything out of the ordinary. Yet now few will be found to deny his greatness. I do not speak of the greatness which is achieved by the fortunate politician or the successful soldier; that is a quality which belongs to the place he occupies rather than to the man; and a change of circumstances reduces it to very discreet proportions.