Auteur : Simone de Beauvoir
Court Résumé :
Simone de Beauvoir raconte son enfance et sa jeunesse afin de comprendre et de nous faire comprendre comment elle est devenue cette figure emblématique de la scène intellectuelle parisienne. On suit ses interrogations de petite fille et son cheminement personnel tout en découvrant le Paris bourgeois du début du XXe siècle.
Mon avis perso :
Pfiou ! Extrêmement instructif et bien écrit, mais je suis contente d’être enfin sortie de ce carcan qui semble serrer et emprisonner le lecteur de ce livre. Que de changements sociaux depuis un siècle ! Durant cette lecture, j’avais l’impression d’être tombée dans un monde parallèle au nôtre : on reconnaît bien Paris, mais ses habitants semblent avoir été ensorcelés par un vilain démon qui leur impose le sacrifice, la bienséance et le respect de valeurs sociales dictatoriales.
Simone de Beauvoir bien qu’ayant grandi dans un milieu relativement privilégié est loin d’avoir vécue une enfance insouciante comme on aurait pu le penser. Dès toute petite, elle
s’interroge beaucoup : sur elle-même, sur les autres, sur la vie, sur Dieu. Quelle est donc sa place dans son monde où tant de choses lui semblent encore inaccessibles ? Et
pourtant elle en est déjà sûre : un jour elle accomplira de grandes choses, elle sera connue et reconnue !
Mais le chemin est encore long avant la célébrité. Malgré les limitations sociales liées à son époque, ses inquiétudes sur sa vie actuelle et future ressemblent beaucoup à celles de nombreux adolescents et des jeunes adultes d’aujourd’hui : quand vais-je enfin pouvoir me libérer de l’emprise que mes parents ont sur ma vie ? Vais-je pouvoir faire des études intéressantes, obtenir un emploi qui me plait et vivre enfin ma propre vie ? Comment rencontrer des personnes qui me comprennent et qui sauront me guider dans mes choix futurs ?
Les préoccupations se ressemblent peut-être mais le contexte est bien différent : la religion catholique poussée à l’extrême, les traditions familiales, les préjugés misogynes, raciaux et antisémites sont autant de remparts qui semblent être infranchissables par la jeunesse de cette époque. Beaucoup, face à ces problèmes, finissent par adopter une attitude de renoncement désabusé comme Jacques le cousin tant aimé de Simone qui ne cesse de lui répéter : « A quoi bon ? » quand ses questions sur la vie et sur sa volonté de rupture avec les conventions bourgeoises deviennent trop insistantes.
Tout le drame social de cette époque finit par se jouer dans les personnages secondaires de cette histoire en
particulier Zaza et Jacques qui auront tous les deux un destin tragique. Il en va de même pour les personnages plus périphériques comme Lili la grande sœur de Zaza qui devra épouser un homme « moins intelligent qu’elle » pour satisfaire aux désirs de sa mère. La scène sur laquelle Simone de Beauvoir a choisi de terminer ce livre laisse entrevoir également toute la souffrance psychologique de certains personnages qui après avoir agi afin de respecter les conventions sociales et religieuses se rendent comptent bien trop tard des dommages qu’ils ont causés.
A côté de toutes ces tragédies, Simone vit tout de même de beaux moments qui sont très souvent liés à des rencontres déterminantes pour sa vie future. Celles-ci vont l’aider à évoluer pour devenir celle qu’elle est réellement et qu’elle n’aura de cesse de rechercher. La rencontre la plus importante est sans aucun doute celle avec Sartre que lui présentera leur ami commun, Herbaud. Mais chacune des autres rencontres qu’elle a faites à chaque étape de sa vie a son importance dans l’évolution de sa pensée.
Cette lecture m’a donné envie de découvrir le reste de l’œuvre de cette grande dame de la littérature et donne un très beau descriptif introspectif de ses pensées les plus intimes. J’ai d’autant plus été touchée par cette histoire qu’une de mes grand-mères est née la même année que Simone de Beauvoir et qu’elle a passé son enfance dans un milieu similaire et dans le même quartier de Paris.
Nombre de pages : 472
Temps mis pour le lire : 1 mois
Note : 17/20
Les 3 premières phrases :
Je suis née à 4 heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. Sur les photos de famille prises l’été suivant, on voit des jeunes dames en robes longues, aux chapeaux empanachés de plumes d’autruche, des messieurs coiffés de canotiers et de panamas qui sourient à un bébé : ce sont mes parents, mon grand-père, des oncles, des tantes, et c’est moi. Mon père avait trente ans, ma mère vingt et un.