Auteurs : Barbara Yelin et Peter Meter
Traducteur : Paul Derouet
Court résumé :
Le temps d’un bref arrêt dans la ville de Brême, une auteure devenue célèbre se rappelle lorsque dans sa jeunesse elle a assisté dans cette ville à l’exécution d’une femme qui s’était rendu coupable d’empoisonnement sur une quinzaine de personnes.
Mon avis perso :
J’ai un peu hésité avant de choisir cette BD. La couverture m’effrayait autant qu’elle me fascinait, tout comme l’histoire d’ailleurs. Et finalement c’est la fascination qui l’a emportée. Grâce à cette BD j’ai donc pu découvrir de nouveaux auteurs et un fait historique dont je n’avais jusque là encore jamais entendu parler.
Le style des dessins qui donne une impression de mouvement et de précipitation perpétuelle – tout semble en permanence être dans l’inachevé, dans le devenir – comme si l’auteur tentait aussi de se remémore des souvenirs qui se brouillent et se bousculent à la fois. Et voilà que par moment le dessin se fait plus précis. Ce sont en général les moments clés de l’histoire ce qui leur donne encore plus d’emphase et d’importance.
L’empoisonneuse est en fait une tueuse en série, une malade mentale qui ne peut s’empêcher de tuer et même et surtout ceux qu’elle aime (ses maris, ses enfants, ses parents et ses amis). Elle répond à des pulsions incontrôlables qui la poussent à glisser dans les plats qu’elle prépare pour ses proches du beurre de souris (un produit extrêmement nocif qui a le goût du saint-doux et qui est utilisé pour justement tuer les souris). Elle est décrite pas tout son entourage comme une femme aimante et attentionnée, toujours prête à rendre service à ses voisins. Avant que la nature de ses crimes de soit découverte, les gens qui la connaissait la croyait frappée d’un malédiction mais ne songeait pas une seconde qu’elle pouvait être à l’origine de tous ces morts.
Lorsque ses assassinats furent découverts, les autorités de l’époque qui n’étaient pas encore familiers de la psychologie et de la psychiatrie qui étaient des sciences encore naissantes au début du XIXe siècle, ne se sont pas intéressés à l’aspect pathologique de ces crimes, mais se sont contenté de les considérés comme les résultats d’une femme malveillance et purement calculatrice et vénale. Pour eux, l’empoisonneuse ne perpétrait ces meurtres que l’unique optique d’hériter des différents. Selon eux son motif principal était l’argent, sans parlé de la méchanceté intrinsèque à cette personne, chose peu surprenante chez une femme.
En effet, une grande partie du récit de la narratrice reflète à quel point les mentalités dans la ville de Brême à cette époque étaient encore extrêmement conservatrices voire rétrogrades. La narratrice se retrouve en permanence confrontée aux préjugés que les hommes de Brême semblent avoir sur les femmes. Elle est sans cesse rabaissée et méprisée par les notables de la ville qu’elle rencontre et qui considère que la place d’une femme est à la maison à servir son mari et non à écrire des livres et à s’intéresser au monde qui l’entoure. Ces mêmes braves ne peuvent pas envisager, contrairement à ce qu’elle essaie de leur démontrer que l’empoisonnement n’est pas foncièrement mauvaise mais qu’elle agit ainsi à cause d’une maladie mentale. Pour eux, de telles maladies n’existent pas et ils ne veulent même pas en entendre parler.
Ainsi, la narratrice assiste impuissante et avec effroi à l’exécution de l’empoisonneuse. Pour les scènes de l’exécution, les dessins se font plus détaillés et on a presque l’impression d’être un des spectateurs du premier rang où même l’un des bourreaux tellement les images semblent être proches et vivantes. Et c’est à ce moment là qu’on se rend le plus compte de l’humanité de ce personnage et de l’atrocité de la condamnation à mort. On espère jusqu’au dernier instant que la sentence soit annulée, la perspective de l’image s’agrandit et l’épée tranche. On est alors soulagé de s’enfuir aux côté de la narratrice qui court en direction du port pour quitter la ville le plus rapidement possible.
Nombre de pages : 200
Temps mis pour le lire : 1h
Note : 15/20
Un extrait :