Auteur : François Bégaudeau
Court Résumé :
Prof de français dans un lycée un peu en difficulté du XIXe arrondissement de Paris, le narrateur partage en direct avec nous, durant une année scolaire, son quotidien répétitif au milieu de professeurs et d’élèves qui semblent plus désabusés les uns que les autres.
Mon avis perso :
On en a tellement parlé il y a quelques années qu’à l’époque je n’avais pas vraiment envie de lire ce livre. Désormais, le temps ayant passé, je me suis dit qu’il fallait bien que je découvre cet opus encensé par la critique et dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est le reflet magistral de ce qui se passe réellement dans les écoles d’aujourd’hui. Une fenêtre sur une réalité qui échappe à la plupart d’entre nous, en somme.
Je dois avouer que j’ai été extrêmement déçue non pas tant par l’histoire en elle-même mais par le style du narrateur et plus encore par le narrateur lui-même. On comprend qu’il soit désabusé face à des situations qui se répètent et qu’il ne peut changer, mais son rôle même de professeur dans un collège lui incombe une autorité dont il semble prendre un malin plaisir à abuser pour se moquer ouvertement des élèves qui sont souvent perdus dans ce monde dont ils n’ont pas les clés.
Evidemment, il n’enseigne pas dans le collège le plus facile du monde, mais ce n’est pas une raison. D’autant plus qu’il est loin d’être dans le pire. Le problème est qu’il donne l’impression d’être tellement méprisant vis-à-vis de l’ignorance de ses élèves que, très souvent, il n’arrive pas à changer de perspective pour se mettre à leur niveau afin de leur expliquer les choses de manière claire. La plupart des explications finissent par embrouiller encore plus les esprits des collégiens sans répondre le moins du monde à leurs interrogations.
Je comprends bien que lorsque l’on est professeur, on souhaiterait avoir des enfants parfaits qui apprennent facilement et sagement, voire même qui savent déjà tout. Mais alors, quel rôle pourrait jouer un professeur dans ce contexte trop idéal. Le rôle même du professeur est au contraire d’ouvrir ses élèves à de nouveaux champs de pensées, et de leur expliquer le monde dans lequel ils vivent afin qu’ils en comprennent les codes et deviennent des adultes (plus ou moins) responsables.
En lisant ce livre, j’ai eu l’impression de notre ami le narrateur avait depuis longtemps perdu de vu cet objectif, ou alors ne s’y était jamais vraiment intéressé. S’il est si désabusé c’est qu’il vit toujours dans ce rêve du professeur valorisé par ses élèves idéaux, qui comprennent tout et savent tout immédiatement. Dans ce contexte, il éprouve un tel décalage avec le monde réel qu’il ne peut descendre de son piédestal de professeur où il s’est lui-même placé. Alors que sa fonction implique au contraire qu’il s’adapte au niveau de ses élèves afin de les faire progresser le mieux possible en fonction de leurs capacités actuelles.
Le style de l’auteur n’est pas non plus des plus exceptionnels. Il est même plutôt médiocre car il tente tant bien que mal de reproduire les situations qu’il vit avec ses élèves, ses pensées, sa vision de ses autres collègues de manière continue et l’ensemble donne plutôt un mixe de lassitude passive avec un regard critique sur tout ce qui l’entoure. Il essaye également de reproduire les différents dialogues avec les élèves où il leur reproche de faire des fautes qu’il commet également lui-même à tout instant. Cela donne donc un style qui se veut à l’image de l’oralité de son quotidien mais qui, en fait, en devient simplement médiocre et maladroit.
Ce livre se lit facilement et sans effort, mais n’apporte pas grand-chose au débat. Par contre, j’ai entendu dire beaucoup de bien du film qu'il me reste à découvrir.
Nombre de pages : 290
Temps mis pour le lire : 3 semaines
Note : 8/20
Les 3 premières phrases :
Trois jours avant, j’ai décacheté l’enveloppe d’un index fébrile. Première feuille à peine parcourue, je suis passée à une seconde noircie par un tableau rectangulaire divisé en une cinquantaine de cases. Les colonnes des lundi, mardi, mercredi et jeudi étaient variablement remplies, et vierge celle du vendredi comme j’en avais fait la demande.