Auteur : Romain Gary
Court Résumé :
Romain Gary est à Hollywood avec sa femme Jean Seberg en 1968 pendant la révolte noire qui déchire le pays au beau milieu de la guerre du Viêtnam. C’est à ce moment-là qu’il fait la connaissance d’un chien a priori doux comme un agneau mais qui aura rapidement des réactions violentes et inattendues. A son grand désespoir, il s’aperçoit que c’est un fait un « white dog », « chien blanc », c’est-à-dire un chien qui, dans l’esprit de ceux élevés dans les anciennes plantations, a été dressé par la police pour s’attaquer exclusivement aux délinquants noirs. Ne pouvant supporter cette idée, Romain Gary décide de tout tenter pour rééduquer ce chien. Mais la bêtise des hommes est telle que tous ses efforts entrepris semblent être peine perdue.
Mon avis perso :
Cela faisait un moment que j’attendais cette rencontre avec ce livre ( et son auteur !) et je suis encore sous le choc. Romain Gary a une vision juste et incisive de la réalité qui l’entoure. Son regard est réaliste, franc et à contre-courant des bien-pensants de son époque et même encore parfois d’aujourd’hui. Ce qui m’a surtout frappée c’est que de nombreux problèmes de la fin des années décrits dans ce livre soit encore tant d’actualité.
On pourrait croire que la société évolue et que les rapports entre les êtres humains ont changé. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas. Et il est triste et souvent même révoltant de constater à quel point les préjugés et la bêtise humaine ont la peau dure.
Dans cette histoire, on pourrait croire qu’il y a les gentils et opprimés (les noirs) et les méchants et oppresseurs (les blancs). Mais la réalité est comme toujours bien plus compliquée que cela. Romain Gary l’a bien compris et tente par tous les moyens de prendre de la distance avec tous ces conflits qui ne mènent à rien. Seulement voilà, il est marié à Jean Seberg, une femme jeune, bien plus jeune que lui et qui cherche par tous les moyens à apporter ton soutien à la « cause noire » afin de contribuer au changement de la société pourrie dans laquelle elle vit. Mais le désenchantement est rapide est brutal pour la jeune actrice qui se retrouve mêlée à des histoires de complots entre des groupuscules extrémistes et la CIA.
Ce livre n’apporte pas de réponse à tous ces problèmes mais seulement le point de vue d’un homme de son temps qui tente tant bien que mal de faire entendre son point de vue et de présenter aux générations présente et à venir les risques et les dérives de certains engagements dont les tenants et les aboutissants nous dépassent. Ce livre est un magnifique plaidoyer contre le racisme et le fanatisme. A lire d’urgence !
Nombre de pages : 220
Temps mis pour le lire : 1 semaine
Note : 19/20
Les 3 premières phrases :
C’était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe, ce qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l’enseigne du Chien-qui-fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.
Il m’observait la tête légèrement penchée de côté, d’un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable. Il avait un poitrail de lutteur et, bien des fois, plus tard, lorsque mon vieux Sandy le taquinait, je le vis refouler l’importun par la seule puissance de son thorax, comme un bulldozer.